LA PASSION DE LA MATIÈRE SE MEURT DANS LA PASSION DU COEUR
Pauvre Camille, ta cruelle adoration pour un homme a plongé ta vie d’artiste dans l’enfer de l’incompris, du désespoir, les fantômes que le monde de raison craint, ils te châtièrent. Tes mains divines taillèrent toutes les pierres et dessinèrent la sensibilité de l’âme avec délicatesse comme la dentellière. Elles empruntèrent les courbes, les traits qui nous enflamment. Tant d’expressivité, tant de sensualité: les caryatides, les bustes, les corps en mouvement. Chacune des tes statues est divinité de la matière travaillée amoureusement. L’union spirituelle avec Auguste Rodin mena à l’apogée du génie statuaire. Les créations comme “la Valse” par laquelle le burin tailla la fusion passionnelle et légendaire. Par sa poésie, ton frère Paul, te témoigna son affection fidèle et sa grande admiration pour ton talent de Maître. Il soutiendra la vie du virtuose jusqu’à l’affliction. La crucifiante solitude, l’éternelle absence, l’abandon d’une muse bellissime se mua en légende indienne, dernière stance, “Sakountala” qui revit, oeuvre sublime.
