LE CHOCOLAT, L’ALPHA ET L’OMEGA
Le cacaoyer, son père, trône dans l’ombre. La cabosse l’éclaire aux couleurs du soleil et donne un air de fête pour répondre à l’appel mutin de petites fleurs blanches qui se réveillent. De délicates mains lui volent ses graines qui sèchent patiemment pour faire peau neuve. La fève voit le jour, et non, la faîne. Elle se baigne, s’essuie, avant d’entamer l’épreuve. Le moulin la concasse, ensuite, la tamise. Surgit alors le noble grain de cacao, qui, torréfié, dégage un arôme qui galvanise nos plaisirs olfactifs. On l’hume amoroso. Broyer, malaxer, cocher, tempérer, mouler, autant de manipulations subtiles que nécessite la pâte liquide, musquée, résultat final d’un travail agile. Les granules d’or à la jolie teinte brunâtre, remaniées à travers les civilisations mexicaines: Toltèques, Mayas, Aztèques, à chacun sa touche folâtre. Elles enflamment la gourmandise et animent quelque fredaine. On lui voue des vertus. De la bonne humeur aux plaisir d’Aphrodite. Le serpent à plumes nous a offert un breuvage bien enjôleur, que la vanille et la cannelle, aujourd’hui, parfument. A l’instar de l’Amour, il éveille les sens: discret craquement, goût savoureux, parfum emmiellé. Il hypnotise le regard par sa brillance, et exalte l’euphorie, l’énergie, avec volupté. Bouchées, pralinés, truffes, bonbons: toutes les formes. Poudre, tablette, boisson. Il revêt tous les états, et envoûte les fins amateurs que nous sommes. Il est l’icône de l’Amour, mon tendre chocolat.
